Retrouver les saisons tempérées |
Lorsque nous vivions en zone intertropicale, le climat nous semblait très monotone: le soleil et la chaleur souvent insupportables, beaucoup de poussière, de sécheresse, pas de différences très marquées entre les saisons! Le paysage et la végétation changeaient très peu!
Nous attendions la saison des pluies avec impatience et pourtant cette saison, malgré la pluie qu'elle amenait dont nous connaissions l'impérieuse nécessité était aussi très difficile à vivre: des inondations qui immobilisaient, nous empêchant de nous évader en brousse les week-ends, une chaleur moite qui laissait sur la peau une sueur abondante et collante, voire des plaques de boutons comparables à l'eczéma, la "bourbouille", que l'on combattait à la "lotion de Foucault", un lait blanchâtre mentholé qui rafraîchissait momentanément sans guérir...
Et puis la boue, l' eau, le ciel sombre, le manque de lumière, le temps changeant très brusquement, les insectes qui pullulaient...Tout était vraiment désagréable! Des odeurs pestilentielles émanaient des marigots, des radiers, des fossés le long des trottoirs ou des ruelles; on aurait dit que l'eau en tombant réveillait des senteurs endormies et desséchées, comme l'aurait fait n'importe quelle infusion, mais envahissant tout un quartier! En passant devant l'hôpital, un énorme radier me levait le coeur, la nausée me déclenchait des spasmes de l'estomac qui m'obligeaient à me protéger les narines d'un mouchoir pour ne pas vomir! Je pensais à tous ces gens qui habitaient tout près, qui devaient parfois déménager car l'eau envahissait leur demeure...et j'appréciais égoïstement ma chance!
Une autre saison difficile était celle de l'harmattan, en hiver il me semble! Des nuages de poussière balayaient l'horizon et le vent violent soufflant en rafales nous criblait le corps de minuscules grains agressifs tels des grains d'émeri nous ponçant la peau. Lors d'un voyage dans le nord du Burkina, je fus surprise par la sécheresse de la peau des hommes du désert qui, lorsqu'ils venaient nous saluer et que je leur serrais la main, me donnaient l'impression de toucher une écorce rugueuse. Je garde encore cette sensation tout au fond de moi, bien des années après, tant cela me semble étrange.
Le froid, la pluie, les nuages nous manquaient et c'est avec beaucoup de bonheur que nous retrouvions , en rentrant dans notre pays, les averses, la neige et les rigueurs de l'hiver, alternant avec les caresses du printemps, l'arrivée progressive de l'été et son départ en douceur pour laisser place aux splendeurs de l'automne.