Tel était le début de la chanson que je fredonnais vers six ou sept ans.La suite de la chanson raconte comment ces trois enfants s'étaient fait piéger par le charcutier qui,en période de disette,les avait appâtés avec une cochonaille pour les découper en morceaux et les mettre au saloir.Un évêque passa par là,qui découvrit le larcin ,reconstitua les enfants et leur rendit la vie.
Depuis ce jour, le 6 décembre est devenu la fête des enfants en mémoire de cet évêque.
Quand nous habitions dans le Pas-de-Calais, l'usage était de fêter Saint-Nicolas au lieu de Noël.Nous accrochions nos chaussettes autour de la cuisinière et nous déposions, pour l'âne, une assiette de victuailles composée de sucres, carottes,épluchures diverses et pain sec. Le matin, nous découvrions nos cadeaux.Nous avions, à l'époque, surtout des friandises: sucres d'orge, pralines, mandarines ou clémentines, pains d'épices, nonnettes ou massepains à l'effigie de Saint-Nicolas.Souvent, le facétieux évêque s'amusait de petites farces: des boulets de charbon emballés dans du papier journal par exemple, ou une petite bûche de bois ou une pomme de terre au fond d'une chaussette.C'est un moment que nous attendions avec impatience et qui nous ravissait.Mais nous n'avions qu'un ou deux jouets tout au plus, que nous commandions longtemps à l'avance mais que nous recevions rarement. Pourtant, nous étions ravis de la fête et des surprises.
En arrivant dans les Ardennes, dans les années cinquante, notre famille a abandonné cette coutume, tous les enfants recevant leurs jouets à Noël.
Plus tard, lors d'un séjour au Burkina-Faso, nous avons été invités à cette occasion par la communauté belge. Saint-Nicolas transpirait dans son costume d'apparat, un après-midi sous une température avoisinant les 35°.Il appelait les adultes et les interrogeait, les félicitant ou appelant son acolyte le Père Fouettard pour punir ceux dont s'étaient plaints les enfants. C'était une cérémonie très sympathique, que nous découvrions si loin et qui me ramenait bizarrement à l'enfance.