Le bébé devant sa purée , lorsqu'on lui permet de manger seul, joue avec la matière, l'étale sur la table, traîne ses doigts pour y laisser des lignes, commence ses premiers dessins, le tout avec force gestes et mimiques, borborigmes et gloussements qui montrent son bonheur.Le geste vient de lui, du corps, en prolongement d'un plaisir, mais ce n'est pas vraiment de la communication.C'est tout au plus une expression corporelle, artistique, encore brute. Avec le crayon, ou tout autre outil laissant des traces,il griffonne des pages entières, encore tout à la joie de laisser des traces, de noircir du papier, voire les murs de sa chambre ou toute autre surface si la possibilité se présente. Dans les classes maternelles, l'enseignement de l'écriture se mélange aux expériences graphiques, picturales, motrices et ludiques.L'enfant vit les lignes avec son corps à travers des parcours variés où le tracé d'un parcours effectué en situation s'affine, d'abord montré avec les bras en expliquant, puis dessiné sur le sable d'un bac, sur le tableau noir à la craie, sur de grandes feuilles de papier à la peinture, au feutre, au crayon, avec des bouts de bois trempés dans de la boue ou de la peinture...Le papier peut être remplacé par des tissus, des cartons ondulés, lisses, du bois, des écorces, des cailloux...La diversité des outils, des supports et des médiums lui permet d'apprécier des textures, des sensations, des comportements qui doivent s'adapter et lui amènent de l'aisance et la recherche du bon geste, de celui qui rendra le tracé le plus proche possible de ce qu'il doit représenter. Ainsi se crée l'acte d'écrire, le geste qui peu à peu devient écriture.Ce geste qu'il observe sur les écrits des adultes et auquel il peut aussi s'essayer sans obligation de réussite, en "écrivant", c'est-à-dire en reproduisant des lignes "signifiantes" pour lui, puisqu'il écrit à papa, maman, un camarade, la maîtresse...Lui demander de lire ce qu'il a griffonné lui fait prendre conscience que son message vaut pour celui qui le reçoit et qui y est sensible puisqu'il sourit, remercie... L'apprentissage de l'écriture commence dès le plus jeune âge à travers tous les jeux, les expériences graphiques et motrices, la découverte de son environnement et l'empreinte qu'il y laisse.Favoriser tout cela, permettre au petit enfant cette exploration de son monde, c'est lui donner déjà une première approche d'un monde plus compliqué qu'est le monde de l'écrit.Enrichir cet environnement en multipliant les supports, les outils et les médiums, c'est lui donner un plus vaste champ d'expériences qui facilitera les premiers apprentissages. Plus tard, l'écriture sera comme une signature, un geste personnel auquel on reconnaîtra l'auteur du message et dans lequel on trouvera une part de son intention. Ce pourra aussi devenir un art, une volonté délibérée de donner une autre dimension à l'écrit, un cadeau supplémentaire au lecteur et une référence à l'écrit des premiers ouvrages précédants l'imprimerie. *Voir la calligraphie chez Myr *Voir aussi les oeuvres de Solange |
Bonjour Myriam, ton voyage en Inde nous ramène des expériences de ce pays.Et cela illustre bien l'impact important de l'environnement culturel.Je pense aussi que les écoles privées où qu'elles soient sont plus performantes car elles n'ont pas les contraintes du service public qui, lui, s'adresse à une population hétérogène non choisie.Le choix du périmètre scolaire et des classifications d'établissements ne peut que nuire à la mission d'école publique.Cela ne peut qu'amener des ghettos enlevant aux plus défavorisés une chance d'accéder à une éducation de qualité et ce dès le plus jeune âge.L'exemple de cette fillette montre bien que les enfants sont réceptifs très tôt aux enseignements de leur environnement. Mettre à la disposition des enfants des espaces privilégiés dans la maison pour leur permettre de gribouiller, d'écrire et dessiner, si cela est bien amené ,permet aussi d'éviter les débordements dûs au besoin de l'enfant d'exercer cette découverte essentielle pour lui, laisser sa trace.Le kraft, qui peut être blanc, mais plus solide que le papier ordinaire, et la porte peinte à l'ardoisine sont de très bonnes solutions. Je te souhaite un bon dimanche et te remercie pour tous ces témoignages que tu m'envoies.Bisous
bonjour Lilou, après quelques semaines passées en Inde, je reviens faire un tour sur ton site et découvre ce nouvel article. Intéressant comme toujours. Lorsque mes enfants étaient petits, j'ai recouvert un pan de mur avec du papier kraft, comme cela ils pouvaient écrire sur le mur ... comme ils aimaient bien le faire. Mon fils maintenant a peint une porte avec de la peinture de tableau noir, c'est pas mal non plus. Puis pour le papier, c'est le papier de récupération, pas question de jeter des impressions ratées etc. En Inde justement, j'ai eu l'occasion de vivre dans une famille indienne dont la petite fille 3,5 ans va à la maternelle. J'étais étonnée par ses connaissances. Bien que parlant sa langue maternelle, le Hindi, elle connaissait parfaitement les mots en Anglais de son livre style apprendre les mots, elle citait non seulement l'alphabet mais l'écrivait en entier toute seule, d'un trait assuré avec des lettres très bien faites de taille homogène. Il suffisait que je dessine une fleur pour qu'elle la reproduise après avoir regardé attentivement. Cet enfant est né en Inde, mais aurait pu naître en France, en Europe. Certes il y a un côté héréditaire, mais l'apprentissage, l'effort que l'on donne à bien instruire l'enfant, tout en faisant de ces apprentissages des jeux,est très important. C'est vrai qu'elle est avantagée car elle va dans une école privée et ses parents s'en occupent beaucoup donc le résultat y est. En Inde, il y a une vrai différence d'enseignement entre école privée ou d'état. Pas tous les enfants ont cette chance. Voilà pour la petite anecdote. A bientôt pour un nouvel article.
Je partage tout à fait ton avis, et lorsque j'avais des élèves de deux ans, j'avais les mêmes exigences pédagogiques, ce qui me permettait d'installer très tôt des mécanismes d'apprentissage car, comme tu le dis si bien "on est façonné par ce qu'on lit", ce à quoi j'ajoute:tout comme on est façonné par ce que l'on vit. Les premières expériences scolaires, dès deux ans, peuvent être progressivement encodées pour aboutir aux bases mathématiques et linguistiques.Enseigner les opérations, la numération,le raisonnement mathématique, l'expérimentation scientifique, la linguistique...à des tout-petits, ce n'est bien sûr pas leur faire de grands discours, mais c'est les amener à tout ce vécu sous-jacent qui plus tard fera partie de leurs acquis et qui assoira la théorie sur une pratique bien concrète. Réfléchir sur chaque action, en parler, l'exprimer à travers le corps puis par l'écrit,c'est accéder à l'après.C'est donner des chances aux enfants, et il est bien que l'école démarre si tôt , sans pour autant être obligatoire. Merci pour cette "eau que tu amènes à mon moulin".Amicalement.
coucou, c'est une revenante qui te met rapidement un petit mot, très contente de voir que ton blog fonctionne bien. Félicitations, les textes que tu y mets sont intéressants et sont lus de toute évidence. J'ai peu participé ces derniers temps car j'ai justement écrit un livre pour enfants. Thème, rédaction, illustration etc... Bref, bcp de boulot pour faire lire ces chers petits. Le Petit Prince ne m'a pas inspirée, je le connais par coeur, je l'ai tellement lu à mes enfants et aux élèves qu'il remonte à la surface automatiquement. C'est aussi ça la lecture, une formation de l'esprit par le langage, on est façonné par ce qu'on lit. C'est pourquoi il faut donner des textes bien rédigés aux petits, ils mémorisent vite les mots et les tournures de phrase, ils se nourrissent de ce qu'on leur donne. Je pense que certains livres pour enfants, actuellement, ont un style et un vocabulaire peu recherchés. C'est désolant, ils sont petits mais pas idiots. Lisant mon livre sur le site, une amie m'a dit qu'elle trouvait ce que j'écrivais trop difficile, elle faisait la comparaison avec ce qu'elle lit à ses petits enfants en littérature enfantine. Je connais Anna et je sais qu'à bientôt 4 ans la compréhension du livre ne lui posera aucun problème. Les petits adorent les mots difficiles, ils aiment les répéter et les comprendre. Alors, aux adultes de leur expliquer. Je ne sais pas qu'elle est ta position par rapport à cela mais personnellement j'ai tjs mis la barre très haut pour les élèves et ils aimaient les défis, c'est un jeu propre à l'enfance et même aux adultes !!! Bien sûr il suffit de les accompagner et d'éviter surtout qu'ils se cassent la figure, sinon c'est le découragement assuré. Voila, mes réflexions nocturnes après m'être sortie "De la fugue de Doudou lapin". j'ai commandé le livre par internet ce soir. Amitiés Polani
Coucou Sébastien, à vrai dire, nous ne mentons même pas en disant que c'est beau, je trouve que c'est tellement beau en effet de voir leur plaisir et de comprendre que c'est les aider à se construire!Et puis, il ne faut pas hésiter à complimenter car les apprentissages sont tellement difficiles! Merci à toi pour cet agréable commentaire!
Très joli article, très bien écrit et imprégné d'une patte poétique comme je les aime. Et nous parents, de contempler béatement nos petits bouts lorsqu'ils oeuvrent de la sorte. Mais nous sommes parfois de sacrés menteurs lorsqu'on leur dit "ohhhh, c'est très beau !!!". Mais chut, c'est pour la bonne cause ! ^^