Charles Baudelaire





 


 

Contemplation



Un poème très difficile pour les adolescents que nous étions en classe de troisième, qui s'est imposée à moi par la paix qu'elle dégage à certains moments particulièrement cruels, que je n'ai pas oubliée malgré le peu de sens qu'elle avait lorsque j'ai dû la mémoriser.Soutien de la Poésie, message universel qui unit les hommes, qui aide à comprendre ...

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici;
Une atmoshère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

Loin d'eux.Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

                                     Charles Baudelaire, les Fleurs du Mal
 
 
 

 
L'albatros

 

Ce poème relate un épisode vécu par le poète lors d'un voyage à La Réunion en 1841.Baudelaire, perdu au milieu des hommes, se compare à l'albatros,superbe dans les airs, misérable sur le pont d'un bateau.C'est le destin de l'artiste qu'il évoque dans ce superbe texte.


Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boîtant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de voler.

                Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal


 
*Grâce à la calligraphie,découvrez un autre hommage à Baudelaire chez Myr 
 


 





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