Redoubler, mais pourquoi?

23/10/12
4 commentaires



Le problème du redoublement des élèves se pose régulièrement de manière récurrente concernant l'école publique .Or, ce problème est complètement obsolète et reflète la difficulté de l'école à intégrer une réforme ambitieuse qui n'a jamais pu être appliquée alors qu'elle en possède tous les textes et que les structures se construisaient progressivement.


La répartition en cycles
 
L'école primaire en France comprend l'école maternelle et l'école élémentaire.Ses enseignements se répartissent tout au long de trois cycles selon un calendrier et une répartition décidés par le projet d'école dont la partie pédagogique incombe au conseil des maîtres sous la responsabilité du directeur et avec l'aval de l'Inspection Académique.Le tout répond à des normes très précises définies à l'échelon national.

Lorsqu'il entre à l'école maternelle, à deux ans, l'enfant doit intégrer les apprentissages premiers qui concernent la toute petite , la petite  et la moyenne sections.
La grande section assure la passerelle entre l'école maternelle et l'école élémentaire.Elle appartient au cycle des apprentissages fondamentaux, avec le cours préparatoire et la première année de cours élémentaire .
Vient ensuite le cycle des approfondissements,   la seconde année de cours élémentaire constituant comme la grande section un sas entre le cycle 2 et le cycle 3, avec ensuite les cours moyens première et deuxième année.


Avant les cycles, une répartition plus hétérogène, les classes

Avant la création des cycles, les apprentissages se partageaient entre les classes selon les différents niveaux et les enfants devaient intégrer diverses notions, très spécifiques à chaque fois.S'il n'obtenait pas le niveau de connaissances suffisant, l'enfant redoublait ou plutôt doublait sa classe.
C'est à dire qu'il recommençait de la même façon une seconde année et qu'il était sensé compléter ses apprentissages.Sauf que s'il avait rencontré des problèmes bien précis qui l'avaient empêché de comprendre, il était à nouveau confronté à ces mêmes problèmes et il pouvait ainsi tripler si nécessaire sans pour autant s'améliorer.
Il continuait ainsi, finissant par "passer" au bénéfice de l'âge , la pudeur étant de ne pas laisser des enfants trop âgés avec d'autres beaucoup plus jeunes.
C'est ainsi qu'il terminait sa scolarité avec un bagage insuffisant.


Les cycles ,une autre organisation.
D'où la réforme des  cycles qui répartissait différemment ces notions que les enfants devaient connaître  et en transformait le concept .Toute l'organisation de l'Ecole s'adaptait et un accompagnement spécifique permettait aux enfants une progression régulière.
L'acquisition des savoirs se précisait en savoir-faire, en compétences et  un socle commun de connaissances donnait lieu à une évaluation de de fin de cycle.
Des réseaux d'aide et de soutien aux enfants en difficulté prenaient en charge les problèmes spécifiques , accompagnés tant sur le plan moteur, psychologique, linguistique, auditif...en accord avec les maîtres pendant le temps scolaire. Cela permettait à l'enfant de progresser dans le cadre de sa classe avec un plus qui lui était vraiment adapté.
Quant aux enfants ayant plus de facilités, certains pouvaient anticiper certains passages dans la classe supérieure.Il était prévu qu'un cycle se déroule selon les possibilités des enfants en durées variant de deux à quatre ans, avec une durée moyenne de trois ans pour la majorité des enfants, les cas particuliers étant traités en conseils de maîtres, avec évaluations spécifiques.
Dans ces conditions, il apparaît clairement qu'aucun enfant ne devrait doubler une classe.
Ce qui complique la donne, ce sont  évidemment les passerelles ,les moyens en personnels, locaux, financements de projets éducatifs de tous ordre visant à assurer la cohésion du groupe et l'homogénéité des cohortes d'élèves.
Alors que les classes devaient accéder à des effectifs permettant des travaux de groupes et des évaluations personnelles plus fréquentes , avec pour l'enseignant la possibilité de structurer différemment sa classe pour une meilleure fluidité des échanges entre classes lors de décloisonnements, de regroupements, d'activités fédératives au niveau de l'école, alors que la notion de classe ne devrait plus exister mais laisser place à des groupes d'enfants réunis selon leurs besoins et encadrés par davantage d'enseignants,qu'en est-il aujourd'hui?
Il est dommage que l'école ne puisse enfin mettre en oeuvre tout ce que cette réforme avait prévu pour ses élèves.Quant au redoublement....

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégorie

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
  • lilou dit :
    28/10/2012 à 12h 12min

    Bonjour Myriam, j'avais aussi beaucoup de chance dans ces moments-là d'avoir des collègues avec qui échanger et aller au-delà de ce qui DOIT être fait, avec qui explorer des pistes pour aider les enfants en nous unissant ...c'est déjà une partie du "nerf de la guerre". Bon dimanche, amicalement.

  • epine2103 dit :
    28/10/2012 à 12h 12min

    bonjour Lilou, merci beaucoup pour toutes ces explications ! Bien sûr, je pensais aux plus grands. Au temps pour moi! En tout cas, ils avaient bien de la chance, tes petits élèves, de t'avoir comme institutrice. A bientôt pour d'autres articles j'espère. Amicalement. Myriam

  • lilou dit :
    27/10/2012 à 12h 12min

    Bonjour Myriam, merci pour ton commentaire sur ce propos.Peut-être penses-tu au collège, car l'école primaire concerne les élèves de deux à dix/onze ans, et ce système de rattrapage me semble difficile pour des petits .D'autre part, il ne prend pas en compte les différences.Dans le système des cycles, le "rattrapage" ne devrait pas avoir lieu puisqu'il s'agit en fait de parcours individualisés.Chaque enfant a son propre suivi et bien sûr cela demande un travail d'équipe et d'autres évaluations que les notes.Les enfants sont évalués en fonction de leurs acquis,selon les notions étudiées dans le groupe de référence qu'est le groupe -classe.Il s'agit de cette évaluation qui fait cette levée de boucliers avec les "acquis, en cours d'acquisition ou pas acquis du tout" et dont beaucoup se font les gorges chaudes!En fait, cela fonctionnait très bien avec des classes d'une vingtaine d'élèves, du personnel en suffisance: les fameux RASED ,en outre ,et aussi 3 maitres pour deux classes, les classes éclatant en groupes "de besoins" et encadrés par ces personnels supplémentaires dans des ateliers adaptés.De telle façon que certains enfants bénéficiaient de soutien alors que d'autres approfondissaient les notions étudiées. Lorsque je suis rentrée de Mayotte en 1982, je travaillais dans une ZUP et nous étions 4 classes à travailler de la sorte, en équipe volontaire.Nous regroupions nos élèves sur deux après-midi: l'un avait un grand groupe d'enfants en approfondissement, et les trois autres se répartissaient de petits groupes de 4 à 5 enfants à soutenir dans diverses matières à compléter.Des parents pouvaient également intervenir sur des activités culturelles.A la suite de cette expérience, j'ai pris la charge d'une classe à bas effectif (14 élèves) ayant de gros problèmes de retard scolaire et pour lesquels le programme avait été adapté, un peu comme dans une classe spécialisée.Les méthodes de travail étaient toutes différentes avec si peu d'enfants et chacun s'auto-évaluait et poursuivait sa propre programmation en maths, en orthographe, en grammaire etc.Ces enfants ont tous intégré la classe supérieure à la fin de cette année là en ayant comblé leurs lacunes en compétences et acquisitions de base.De plus, ils avaient acquis des méthodes de travail et une grande confiance en eux.A cette époque, il s'agissait d'expérimenter ce qui plus tard a été la réforme des cycles, rendue alors possible par une baisse démographique sur les cohortes arrivant dans les petites classes.Mais au lieu d'appliquer cela, la baisse d'effectifs a donné lieu quelques années plus tard à des suppressions de classe . J'espère avoir répondu à ta question, amicalement

  • epine2103 dit :
    27/10/2012 à 12h 12min

    Bonjour Lilou, Merci pour tes réflexions. Quoi de mieux que d'avoir un thème expliqué par une professionnelle ! Je trouvais le système intermédiaire appliqué dans certains pays par mal : le rattrapage. On n'avait pas la moyenne dans une ou deux matières, on étudiait l'été et repassait un examen en septembre. Si on avait la moyenne on accédait à la classe supérieure. Ainsi on mettait le doigt sur la matière qui posait problème. Qu'en penses-tu ? amicalement Myriam




  • Créer un site
    Créer un site